Dans le courant de l’année 2010, j’ai pu examiner partiellement un Sefer Torah originaire du Souss auprès d’un particulier résidant à Bruxelles. L’objet en question avait apparemment transité quelques années auparavant depuis le sud du Maroc vers les Pays-Bas avant d’arriver en Belgique.
Entouré d’un manteau de velours rouge orné d’une étoile dorée à six branches, le gvil (ou parchemin) affichait un aspect brunâtre. L’écriture carrée était de facture claire mais l’encre, de couleur noire, était effacée par endroit.
Le particulier qui était musulman prenait soin de mettre le rouleau en hauteur de façon à traiter les Ecritures hébraïques avec révérence. Il veillait également à ne pas toucher le parchemin pour la même raison.
Il est impossible d’en dire davantage sur l’objet qui semblait relativement ancien, mon interlocuteur n’ayant pas souhaité poursuivre l’examen du rouleau qu’il proposait de vendre en échange de quelques milliers d’euros pour le compte d’un client anonyme.
Voici à quoi ressemble un Sefer Torah, aucune photo n’ayant pu être prise alors. Ecrit sans voyelle ni ponctuation, le texte est disposé en colonnes.
Source photo : Museum of the Bible. Sefer Torah sépharade (Espagne)Dans la tradition juive, il est d’usage d’enterrer les livres sacrés et les rouleaux lorsqu’ils sont abîmés. Ce Sefer Torah originaire du Souss a donc certainement dû être déterré dans des circonstances qui demeurent obscures avant d’être transporté en Europe et proposé à la vente.
Conscient de l’importance de l’objet pour l’histoire du judaïsme d’Afrique du Nord, l’intermédiaire qui officiait de négociateur estimait néanmoins à juste raison que l’objet devait trouver naturellement sa place dans un musée…